Dans le petit village valaisan de Nax se dresse un tout nouvel hôtel : le Maya Boutique Hôtel.
Le Maya Guesthouse est le premier de son genre en Europe et en Suisse. C’est le seul hôtel à être construit en bottes de paille et le seul à avoir été financé à l’aide du crowdfunding.
L’hôtel possède une particularité très intéressante du point de vue écologique, ses murs étant constitués d’une armature en bois que l’on a remplie de bottes de paille. Cette technique permet de limiter les coûts de chauffage. En effet, c’est seulement lors de températures très basses en hiver que le bâtiment doit être chauffé.
Lisa Papadopoulos, copropriétaire avec son mari Louis, a répondu à quelques-unes de nos questions.
Comment vous est venue l’idée de créer un hôtel en paille ?
Lorsque nous avons décidé de créer notre hôtel, en 2008, le prix du pétrole était en constante augmentation. Nous étions conscients du fait que les coûts d’énergie font partie des charges les plus importantes pour une exploitation hôtelière. C’est pour cette raison que nous avons recherché un mode de construction nous permettant de limiter nos dépenses d’énergie à long terme. Nous voulions être sûrs de pouvoir assumer financièrement nos coûts de chauffage dans les 15-20 ans à venir.
Notre choix s’est rapidement porté vers la paille pour ses propriétés isolantes exceptionnelles et pour l’excellent climat d’habitation qu’elle procure.
La paille a été le point de départ d’un concept que nous avons voulu cohérent d’un point de vue écologique mais également au niveau de l’originalité et du confort de nos hôtes : utilisation de matériaux naturels pour la construction et l’aménagement (meubles faits à la main, matériaux nobles, etc.), système d’énergies renouvelables (bois et solaire), cuisine à base de produits régionaux de qualité, etc.
Quels sont les problèmes que vous avez rencontrés en raison du côté inédit de ce mode de construction ?
Nous avons tout d’abord été confrontés au scepticisme de certaines banques ; davantage d’efforts ont donc été nécessaires pour obtenir des crédits. Il a fallu trouver les partenaires financiers qui voient l’aspect « paille » non comme un facteur négatif mais comme une démarche novatrice et un atout marketing.
Au niveau des autorités, nous avons dû prendre plus de temps pour expliquer notre projet hors du commun. Toutefois, nous avons rencontré une grande flexibilité.
En plus d’être l’unique hôtel en Europe à posséder cette particularité, les Papadopoulos ont aussi eu recours, avec succès, au financement participatif, crowdfunding en anglais. C’est également à eux qu’on doit l’onglet « tourisme » sur la plateforme de financement 100days.net. Sur les CHF 9’500.- initialement souhaités pour la construction d’un espace SPA extérieur et l’installation de panneaux photovoltaïques, les Papadopoulos ont récolté près de CHF 23’000.- !
A propos de cette méthode de financement, Lisa explique que, bien que le crowdfunding permette de débloquer des fonds qui ne peuvent pas toujours être obtenus par les banques, celui-ci risque d’atteindre ses limites lors de projets de grande envergure nécessitant d’importantes sommes d’argent. C’est donc une solution partielle aux problèmes de financement dans le tourisme. Le bon côté de la chose, c’est qu’au-delà de la participation financière du voyageur, celui-ci s’implique émotionnellement, ce qui le fidélise.
Le Maya Boutique Hôtel est donc un bel exemple de l’esprit novateur dont peut faire preuve le tourisme suisse.
Mme Papadopoulos nous a du reste confié que l’innovation était bien, selon elle, essentielle au développement touristique :
Le voyageur aujourd’hui a une palette infinie de possibilités, grâce à internet notamment. Il a besoin de vivre de nouvelles expériences et surtout d’être surpris. Nous vivons dans l’aujourd’hui et nous devons offrir des solutions et des expériences d’aujourd’hui. Proposer des prestations des années 70 aux touristes n’a pas de sens. L’internet est en constante évolution, les besoins des voyageurs aussi.
Le prestataire touristique a non seulement l’obligation de suivre cette évolution, mais également d’y participer.
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Crédit photo: Maya Boutique Hotel
Rédaction:
Isabelle Tissot et Satou Dosso,
Groupe Com FIT Hes-SO
